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« Je ne peux plus le garder ! » : derrière cette phrase, 3 causes réelles de l’abandon et aucune n’est une excuse

Chaque été, des milliers de chiens sont abandonnés en France. Derrière les mots « je ne peux plus le garder », il n’y a jamais de fatalité, seulement des décisions prises, des renoncements, des arbitrages humains. Cet article démonte les trois justifications les plus fréquentes de l’abandon — le déménagement, le manque de temps, les difficultés financières — pour révéler ce qu’elles cachent vraiment : une absence de projection, un défaut de préparation, ou un refus de responsabilité.

Le « déménagement » : un prétexte trop pratique

« On change de logement, le chien ne peut pas venir. » Cette phrase revient comme un refrain dans les refuges.

Dans les faits, seuls 17% des logements en location interdisent explicitement les animaux. Ce qui bloque, ce n’est pas l’appartement : c’est la volonté de chercher un bailleur conciliant, d’expliquer sa démarche, voire de proposer des garanties.

Le véritable problème, c’est que le chien n’est souvent pas considéré comme un membre du foyer non-négociable. On l’emmène si c’est simple, on le laisse si c’est compliqué.

Certains propriétaires osent même dire « je ne vais pas rater une opportunité pour un chien ». Mais un être vivant ne se « garde » pas comme un meuble. L’abandon dans ce contexte est un aveu de priorités : c’est l’animal qui est relégué, jamais le confort personnel.

Pourtant, des centaines de témoignages prouvent que déménager avec un chien est possible, même en zone tendue. Cela demande de la persévérance, pas des miracles.

Le « manque de temps » : un symptôme, pas une cause

C’est l’excuse la plus insidieuse, parce qu’elle semble sincère. « Je travaille trop, il est malheureux », disent certains. Mais un chien n’a pas besoin de 12 heures par jour : il a besoin de régularité, de stimulation, de qualité.

Le problème vient d’ailleurs : d’un modèle de vie incompatible avec l’adoption. Quand on sait que son rythme de travail est instable, que l’on voyage souvent, ou que l’on est déjà épuisé par la charge mentale quotidienne… pourquoi adopter un être qui demande engagement, routine, patience ?

Une étude IFOP de 2022 montrait que 68% des abandons pour « manque de temps » surviennent dans les 9 mois suivant l’adoption. Ce n’est donc pas un accident : c’est un manque de préparation dès le départ.

Un chien peut parfaitement s’adapter à une vie active… à condition que son humain anticipe et mette en place des solutions : pet-sitter, balades partagées, réorganisation. Le temps n’est pas une ressource magique : c’est une question de choix.

Le « coût financier » : réalité ou mauvaise foi ?

« Je ne peux plus assumer les frais vétérinaires. » Cette phrase fait partie des plus tristes — et parfois, des plus vraies. Mais elle ne surgit pas sans avertissement.

Un chien coûte en moyenne 900 à 1200 euros par an. Ce n’est pas un secret. Lorsqu’on adopte, on s’engage à couvrir soins, alimentation, prévention. Ce n’est pas une option, c’est le contrat moral de base.

Il arrive bien sûr que des imprévus frappent fort : accident, perte d’emploi, séparation. Mais même là, l’abandon n’est pas la seule issue. Il existe des aides, des vétérinaires solidaires, des associations de relais temporaire. Encore faut-il les chercher.

Dans bien des cas, la difficulté financière cache un désengagement progressif : le chien n’est plus vacciné, plus emmené en promenade, plus nourri correctement. Ce n’est pas qu’on ne peut plus : c’est qu’on a arrêté d’essayer.

Dire « je n’ai pas les moyens », c’est parfois dire « je ne veux plus assumer ». Et cela mérite un vrai face-à-face avec ses responsabilités.

Le vrai visage de l’abandon : un défaut de projection

À chaque justification, un constat s’impose : l’abandon découle rarement d’une crise imprévisible. Il naît de la légèreté initiale, du manque d’information, ou de l’illusion que « ça ira » sans effort.

L’adoption ne devrait jamais être impulsive. Ni pour « faire plaisir aux enfants », ni pour combler un vide affectif, ni pour suivre une tendance. Elle doit reposer sur une question simple : suis-je prêt à adapter ma vie, durablement, pour un être dépendant ?

Beaucoup sous-estiment ce que représente un chien adulte, malade, ou simplement vieillissant. Et beaucoup découvrent trop tard que l’amour ne suffit pas si la logistique, la patience et la constance ne suivent pas.

Le vrai visage de l’abandon, ce n’est pas la crise. C’est l’impréparation.

Éduquer pour prévenir : un choix collectif

Chaque abandon est une souffrance. Pour l’animal, d’abord. Mais aussi pour la société : refuges débordés, euthanasies évitables, traumatismes comportementaux qui complexifient les adoptions futures.

Il est temps de changer de récit. Non, l’abandon n’est pas une fatalité. C’est un choix — et souvent, un choix par défaut, évitable avec de la prévention, de l’éducation, du dialogue.

Les associations ont un rôle, les politiques aussi. Mais c’est à chaque citoyen de faire sa part. Adopter un chien, c’est accepter une responsabilité pour 10 à 15 ans. C’est dire « oui », même quand c’est compliqué.

Alors, avant de prononcer « je ne peux plus le garder », posez-vous cette question : qu’ai-je tenté, vraiment, pour ne pas en arriver là ?

L’abandon n’a pas d’excuse. Il n’a que des causes, souvent évitables. Si vous hésitez, si vous avez des doutes, parlez-en. Si vous avez vécu une situation difficile, partagez-la. Ensemble, transformons cette prise de conscience en mouvement.

👉 Quelle est, selon vous, la pire excuse pour abandonner un animal ? Dites-le en commentaire, et faites tourner cet article : il pourrait faire réfléchir avant le prochain abandon.

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Auteur :
Élise Legendre

Élise Legendre est éducatrice canine diplômée de l’ACACED. Spécialisée dans la relation homme-chien, elle accompagne les maîtres avec bienveillance pour résoudre les problèmes de comportement et renforcer la complicité au quotidien. Passionnée et expérimentée, elle partage aussi ses conseils sur ce blog.

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