Chacune des deux opinions est une vraie position personnelle !
Chacun de nous est un exemple vivant de ce qui nous a le plus influencé. Les observations de jumeaux séparés à la naissance nous passionnent… Il apparaît tout simplement que chacun se positionne en fonction de son propre vécu d’être vivant ayant à la fois des gènes et ayant reçu une éducation. On peut trouver des exemples dans les deux sens, prouvant la supériorité de la nature ou de la société…
La loi de 99 est trop basée sur l’importance de la génétique, la partie innée, en disant que la dangerosité d’un chien vient en priorité de sa race.
Rappel sur les lois de 1999, catégorisations des Rottweilers, American Staffordshire Terrier, Pit Bull, Tosa, Boerbull ainsi que leurs types.
- Nous en venons donc à croire que la race, donc l’inné, prime sur tout.
- On nous dit aussi qu’il faut simplement éduquer correctement les chiens, et que l’éducation primerait sur l’inné.
En ce qui concerne l’hérédité, qu’est-ce qui se transmet ?
La gentillesse ? Pour avoir un chien gentil comme un chien guide d’aveugle, s’est développée la croyance qu’il suffit donc d’acheter un labrador, et pourtant on devrait acheter avant tout son dressage… Mais tous ces chiens dressés ne sont pas remis à un non voyant, parfois pour des raisons génétiques, on tourne en rond.
L’importance de la génétique dans le comportement est indéniable, puisque chaque espèce a un comportement spécifique.
L’importance de l’éducation est indéniable puisque les enfants retrouvés vivants à l’état sauvage n’ont pas pu développer toutes leurs capacités d’êtres humains.
Il faut tout simplement enfin arrêter d’opposer les deux, nature et société.
Dans les cultures anglophones, le jeu de mot était trop subtil et amusant pour passer à côté de la célèbre sentence “nature versus nurture”.
Bref, de Descartes à Darwin, on pourrait enfin sortir des siècles passés ! De nos jours, Boris Cyrulnik l’a dit de belle façon (pardon de ne pas avoir la citation exacte) : “tout est 100 % inné, et tout est 100 % acquis”. On parle alors d’ontogénèse et de phylogénèse.
Il est rigoureusement impossible de faire primer l’un sur l’autre, et la bonne question est de savoir comment faire au quotidien, à la fois en fonction de la génétique et de l’éducation.
En fait, peu importe par où on prend la question, on passe de l’un à l’autre à l’infini ! Prenons le sujet par un bout… La génétique et les caractéristiques comportementales innées doivent être connues pour au moins deux raisons :
- L’homme doit tout simplement considérer chaque espèce dans ses véritables possibilités comportementales, dont l’ensemble s’appelle l’éthogramme.
- Les espèces domestiques dépendent de l’élevage fait par l’homme, qui peut donc influer sur l’espèce et sur chaque race (elles sont issues de ses choix). Les croisements choisis sont donc très importants, à chaque génération.
Les différences raciales :
Les races ont été conçues avant tout pour répondre à une attente comportementale, en fonction de l’aide qu’apportait le chien à l’homme. Il a suffit de sélectionner un maximum de sujets ayant telle ou telle caractéristique commune à l’espèce, mais d’une façon plus forte et marquée, ou au contraire atténuée. La sélection a surtout porté sur les séquences du comportement de chasse, depuis le pistage jusqu’à la consommation (recherches de Ray Coppinger).
Exemples :
- Le braque allemand et les chiens d’arrêts en général ont été sélectionnés sur la longueur et la tenue de leur arrêt, qui est une caractéristique d’une partie de la séquence de chasse, mais sur un moindre réflexe de poursuite du gibier.
- Le border collie a été sélectionné sur son regard et l’amplification de son approche coulée du gibier, mais il doit rester sur ce mode sans passer à la prise. Son travail est une éternelle chasse non terminée !
Le dressage d’un chien sera facilité par ses capacités innées. Mettez un braque et un border à la place l’un de l’autre, et le dressage sera bien plus difficile…
Par le dressage et l’environnement de vie, il est possible d’agir sur un chien de façon très nette, au point de minimiser certaines de ses caractéristiques raciales. En ce qui concerne non pas un travail précis mais la simple capacité à vivre auprès de l’homme, on peut arriver à un résultat satisfaisant avec toutes les races, comme on peut arriver à un mauvais résultat.
Si on peut tout influencer par l’éducation, la génétique n’aurait-elle plus aucune importance, au moins pour le chien de compagnie ?
- Le choix de son chien de compagnie sur l’esthétique tend à montrer cette croyance de la non importance de la génétique.
- La recherche fréquente d’une race gentille avec les enfants tend à montrer qu’il existe aussi des croyances sur l’importance de la génétique.
Il y a donc des erreurs sur ce qui est transmissible.
On peut aussi noter une erreur importante, en réaction à la focalisation de la loi de 99 sur la génétique, erreur qui est d’attribuer entièrement la faute au dressage du chien.
On sait que tout est acquis autant que tout est inné, c’est mélangé !
Pourquoi, par légitime urgence, faire le nid à de futurs problèmes en niant toute influence de la génétique dans le comportement ?
Il faudrait à mon avis accepter de plus reconnaître la part génétique du comportement. Cela permettrait justement de pouvoir accuser ceux qui feraient des croisements intentionnels dans le but d’augmenter l’agressivité des chiens. On ne peut pas défendre les races concernées par la loi de 1999 en disant que ce sont des chiens comme les autres, car ils ont leurs caractéristiques, comme les autres. Toute tentative de sélection de caractéristiques inadaptées doit être réprimée au niveau des choix d’élevage et non pas de la race, puisque les chiens ne choisissent pas leurs accouplements.
En ce qui concerne les différences d’une race à l’autre, l’intime imbrication des caractéristiques innées et acquises permet en partie de savoir comment on doit s’adapter à une race, en connaissant non seulement ses capacités physiques mais aussi ses attentes et possibilités relationnelles.
Il existe des différences génétiques d’une race à l’autre, différences qui ne sont pas assez bien déterminées. La plupart des portraits de races confondent souvent ce qui est inné et ce qui est acquis. La connaissance des caractéristiques innées et de leurs nuances raciales a pour véritable importance de savoir comment entrer en relation avec des chiens différents, afin de mieux nous adapter à chaque chien.
Bonjour et merci pour ce magnifique blog !
je suis un lecteur régulier depuis quelques semaines, et j’apprécie la qualité des articles proposés
Charles