À l’exception de rares races de chiens à la peau glabre (et donc vraiment «à poil», genre chien nu mexicain), le pelage protège les épidermes velus des rayons solaires. Aussi bizarre que cela puisse paraître, certains pitous à la fourrure pourtant dense risquent quand même d’être victimes de douloureux coups de soleil.
Mais sur une zone bien particulière et limitée de leur anatomie. Il s’agit, entre autres, de ces colleys à la truffe partiellement dépigmentée. Cette anomalie rend l’extrémité de leur museau plus sensible aux insolations. Plus prompte aussi à développer des dermatites dites solaires. Les écrans et autres crèmes protectrices sont alors de bien peu d’utilité : la plupart des toutous un peu coquins s’en pourlécheront les babines dès la première application. Le tatouage de cette région dépigmentée peut être envisagé à titre préventif.
Plus grave encore : un autre mauvais coup du soleil, fréquent en cette période caniculaire, reste le soudain et parfois mortel coup de chaleur. Ce drame arrive habituellement à l’improviste lorsque le conducteur bien intentionné laisse son compagnon dans une voiture hermétiquement close. Ce bon père de famille (parce que ça n’arrive malheureusement pas qu’aux chiens) a pourtant pris bien soin de garer son véhicule à l’ombre. Mais «l’enfer, comme disait Montherlant, est pavé de bonnes intentions» ! Le temps passe donc, le ciel se dégage et la Terre continue de tourner… Si bien que l’auto se retrouve en plein soleil. D’autres toutous peuvent aussi être victimes d’un coup de chaleur pour avoir été laissés sans eau par une journée torride dans un garage, une remise de jardin, une autocaravane… Ou bien encore attachés en plein soleil à une laisse sur l’asphalte brûlant.
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Le meilleur ami de l’homme pris dans cette fournaise ne transpire malheureusement pas assez pour faire baisser sa température corporelle. En effet, à l’exception des glandes sudoripares eccrines de ses coussinets, lesquelles laissent des traces humides et bien visibles quand il a chaud, le chien ne sue pas pour le reste: il assure l’essentiel de sa thermorégulation grâce à l’évaporation qui s’opère par ses voies respiratoires. Lors d’un coup de chaleur, sa température peut défoncer les 43 degrés Celsius. Il halète alors désespérément, son rythme cardiaque accélère; vomissements et diarrhée peuvent suivre. Le malheureux animal risque même de tomber en état de choc, puis dans le coma et mourir s’il n’est pas secouru à temps. Les plus à plaindre sont sans nul doute les races dites brachycéphales (au museau court et écrasé) genre bulldog, pékinois, carlin... à la respiration déjà fort laborieuse en temps normal.
En pareilles circonstances, il convient d’intervenir d’urgence en sortant au plus vite le malheureux Lucifer de cette étuve infernale. Il faut sans tarder le mettre à l’ombre ou au frais, et ne pas hésiter même à l’immerger dans de l’eau froide (sauf sa tête, bien sûr !) pour faire chuter rapidement sa température et prévenir ainsi des lésions organiques irréversibles. À défaut d’un bain d’eau froide, utilisez un tuyau d’arrosage ou couvrez le patient à quatre pattes de serviettes imbibées d’eau fraîche. Le conduire dans une clinique d’urgence demeure impératif en matière de réanimation et d’administration de traitements qui préviendront l’oedème cérébral.
La canicule fait donc parfois autant «suer» les chiens que leurs maîtres. Si bien que pour nombre de toutous haletants, ou qui en bavent d’envie, la baignade fait partie des joies mais aussi des obligations estivales les plus salutaires.